Trois sonnet dont deux coquins...

Publié le par La Source

 

 

             Une autre époque

 

Tous ces vieux boucaniers, pirates, naufrageurs,

Que l'on croisait, tannés par les soleils d'ailleurs,

Un ara sur l'épaule, aux bras une gitane,

Sur les quais arrosés par la vague océane,

 

Ont disparu du port. Empilés par couleurs,

Sur d'immenses cargos, d'immenses conteneurs,

Sont dûment contrôlés par les gens de la douane,

Avant d'appareiller pour l'Inde ou la Louisiane.

 

Mais loin d'ici, vers le détroit de Malacca,

Vers Kismaayo, et jusqu'au large de Moka,

Attendent des bandits, sur des bateaux rapides,

 

Kalachnikov en main pour piller l'Occident,

Pour rançonner le navigateur imprudent,

Et même assassiner des femmes invalides...

 

 

 

 

 

                       Jets d'eau

 

 

Au jardin les jets d'eau, sveltes arbres d'eaux blanches,

Dont se joue un oiseau qui jase dans leurs branches,

Un astre, veux-je dire, à mon amour pareil

(Chacun aura compris qu'il s'agit du soleil !),

 

Les jets d'eau, retombant diamants en avalanche,

Ont au ciel pris l'éclat de vos regards pervenche,

Madame, et je me sens, comme l'huile au chaleil,

Brûler de me rêver près de vous, au réveil !

 

J'imagine au déduit votre corps de sirène,

Votre flexible cou et votre port de reine,

Au milieu de l'Eden fluant de vos cheveux...

 

Dans mes paumes vos seins se lovent comme pommes ;

Plus bas, près de la source où s'enchantent les hommes,

S'annonce l'autre jet du verger que je veux...

 

 

 

 

                  Électre et Sonia

 

Nous venons du passé, nous autres sonnettistes.

Nos habits sont anciens et nos mines sont tristes.

Nos modèles ce sont Pétrarque et Shakespire,

Nos Muses, la Sonia pour laquelle on soupire

 

Et l'autre, la voisine avec ses airs artistes

Qui peint de grands tableaux qu'on dit «avant-gardistes».

En vers, on lui explique à quel point on l'admire.

En sous-titres, on dit combien on la désire !

 

L'une a de beaux nénés, l'autre de beaux pinceaux.

L'une aime nos sonnets, l'autre les trouve sots.

(En nous le désespoir et l'espoir se marient.)

 

Toutes deux pour finir de nos efforts sourient...

Et ça finit souvent en amour platonique,

Car ce n'est pas souvent qu'avec Electre on nique.

 

 

 

 

Publié dans poésie

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