Divagations et autres poèmes

Publié le par La Source





Divagation
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Habité d'une fée dont je suis constamment en souci, sur la nacre de l'arène blanche, laissant mes traces dans la poudre, je m'aventure en longeant l'obstination de l'écume impuissante à dépasser sa propre limite. Ici ou là une spirale émerveille de son infime complexité l'espace à perte de vue. Contre le venin qui rôde au delà des mers, je me mithridatise en tressant de mes idées un olivier d'argent. On aperçoit un cargo ivre qui s'éloigne : indistincts sur sa poupe, quelques caractères grecs : au bout d'un moment, je finis par deviner le mot ΑΜΦΙΤΡΙΤΗ... Une vaste mélancolie me saisit, comme lorsqu'on voit embarquer un être aimé que l'on sait ne jamais revoir. Le visage de mon amour s'impose à ma rêverie. Une voix amère me dit que toute présence féminine est un miracle ou un serpent. La grâce d'une compagne vraie embaume la vie, m'évoque le parfum du serpolet qu'on a froissé entre les mains... Et m'inspire des phrases sans suite !
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Post-its
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Bizarrement, pierre à demi descellée de la restanque, d'une ère qui pousse ses racines de plus en plus profond vers la nuit du passé, l'âme approche de la chute.
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Le détachement – sujet à la mode ! Travail sur soi, dit-on. L'écureuil sur sa branche ?
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De la paix, ce soir le coeur est visiblement serré.
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Le sabre de l'Inutile, au tranchant mince comme feuille de papier.
Endurance, un bond par-dessus l'érosion.
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Peu de mots, tant que les court-circuite l'éclair.
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"C'est pour moi seule que je fleuris, déserte !" (Hérodiade).
...Une immense solitude safranée, la poésie.







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Rendez-vous du révolté
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La démence de ce siècle d'assassins n'étouffera pas en moi sous ses noirs tissus vermiculés la splendeur de l'univers. Je continuerai de m'abreuver à sa source comme le chevreuil aspire à longs traits l'or de la mare où sans cesse brouillée l'aurore se reconstitue.
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Tandis que pieds nus je me hasarderai sur la rosée dont luisent les prés, une fraîcheur vaporeuse s'élèvera au fond des enclos où placides, je verrai paître des vaches aux robes tachetées d'archipels noirs et blancs. Relevant la tête entre deux broutées, elles encornent l'azur...
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Grandes vaches toujours aimées, trimbalant leurs pis avec davantage de dignité que les chèvres ballantes, quelle paix dessinent vos yeux andalous, interrogatifs parfois sous leurs cils démesurés ! L'odeur des bouses que le vent par bouffées donne à humer au berger
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me rassurera comme la senteur-même de l'Inaltérable en fleur. J'approcherai de la pinède aux ramures entrecroisées en lesquelles s'est pris le soleil tel un loriot empêtré dans des ronces. Là m'attend sans voile ma Beauté, paume caressante, déclinant les facettes de sa lumière pure.




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L'évidence du retour
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Arrivant de loin, nous étions sortis un moment de l'automobile, au bord de la route de Maillane, pour satisfaire à une certaine nécessité dans un petit bois de pins parasols qui ombrageait la garrigue.
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Le soleil excitait les cigales de cette fin d'après-midi : nous avons fait quelques pas, mon père et moi, pour nous délasser les jambes. Un chemin de terre battue, qui là-bas menait au cube blanc d'un mas...
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J'avais douze ans. L'air que nous respirions fleurait le thym et mille autres plantes odorantes, dans un cocktail que je reconnaissais d'instinct exactement comme, remontant le torrent natal, un saumon
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reconnaît la teneur chimique de cette limpidité qui miroite entre les roches de la flaque où vibrionnait sa vie d'alevin. Une sorte d'essence unique de l'air qui avait traversé les plaines et les collines,
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en avait récolté les fragrances dont il avait, dès ma naissance, imprégné mes poumons et mon esprit à mon premier cri, lorsque dans ses bras ma grand'mère provençale m'avait recueilli, moi,
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le "petit singe" dont ma mère avait tellement souffert que durant quelques heures elle avait refusé de me voir, tandis que le chirurgien que nous cachions des allemands la sauvait de l'hémorragie.




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Hermétique
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Responsable d'une poignée de belles phrases qui l'expulsaient aussitôt pour prendre leur autonomie de sens, il rêvait depuis les marges de ses pages en les regardant avec les yeux d'un pêcheur.
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Qu'un éclair d'or en traverse la surface, se répande jusqu'à lui en ondes chargées de ciel, et c'était pour lui un pur ravissement : il contemplait les OOOO silencieux de vérités cachées...
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Non sans un peu de honte, il n'hésitait pas à saisir, encore palpitantes, même celles qui ne faisaient pas la taille réglementaire, et les enfouissait dans une sorte d'outre plein de transparence.
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Là, elle tournaient en rond dans la pénombre, perdaient leurs caractéristiques vaseuses, jusqu'à ce que rendues au jour elle n'aient d'autre parfum qu'une fraîcheur naïve de fenouil mâchonné.
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Scintillantes écaille de soleil, elles séduisaient l'âme qui les tenait captives, telle une cage de lumière, de son miroir, fascine cette sorte d'alouette qui ne cesse de rêver d'illumination et d'altitudes ouraniennes.
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Et voici que se croyant poète, il chaussait à ses talons les sandales ailées d'Hermès pour, caducée dans le poing gauche, à travers l'azur ennué de jasmin ou la nuit constellée, s'élancer plus loin que les vents...




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Vers la Fontaine du Loup


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Retour de l'été, des amours à la fraîcheur de menthe, des longues contemplations de la mer depuis l'ombre d'un pin parasol qu'obsèdent les cigales. L'odeur d'ambre solaire nous effleure, venue d'un passé spectral comme un mythe où vivraient encore nos aïeux.
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Parfois l'on reprend le vieux sentier qui croule sous les ronces constellées de mûres noires, au rebord de la falaise. De l'autre côté du gouffre que sans effort traversent les oiseaux, la tour carrée du Parage avec oriflammes et gonfalons armoriés qui flottent dans l'azur.
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En bas, les cannelures roses des tuiles romaines, les toits agencés en un plaisant désordre : le village semble un effet de l'art. Colombes ocre dans les ferronneries du clocher. Les groins des pierres fouillent la poudre sèche ; la chaleur pousse les plus grosses à s'enterrer.
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Constamment le regard passe de nos tropéziennes enserrant des mollets nus auxquels on veut éviter les griffures, à l'entaille ombreuse du vallon qu'éclairs après éclairs a raviné le Réal capable, l'autre hiver encore, de ruiner l'antique pont romain et ravager les rues.
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On reprend le sentier que les gens ont presque oublié. Longé d'un mur de pierres sinueuses, face au levant, parsemé de modestes verdeurs dont les touffes fleuries éclatent au soleil, il était jadis le seul passage emprunté des ânes qui circulaient du village jusqu'au plateau.
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Aujourd'hui, naturellement, une large route asphaltée sinue en pente douce pour escalader le versant... En traverse chaque lacet, comme une corde un arc, la raideur du petit chemin, désormais raccourci désaffecté. Une roue de moulin de bois déglingué, un torrent volubile...
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Jadis on y venait charger les sacs de farine. Le ruisseau ne sert plus qu'à l'arrosage des maraîches en contrebas. Remontons-en le cours ensemble : seuls quelques vieux enfants comme moi savent qu'à mi-chemin les attend un figuier dont les figues ont goût d'éternité.


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Ezra tient un balai le 20 juin 2015 !


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J'ai vu, Ezra, que ne tenant debout qu'à peine
le jour de ton anniversaire avec assurance
déjà tu avait entrepris de manier un balai
trois fois haut comme toi – et tu tenais
l'équilibre ainsi qu'un balayeur chevronné.
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D'un coup j'en ai ressenti tout ensemble
un joyeux amusement et un brin de tristesse
J'ai su que tu ne serais plus jamais le mignon
bambin souriant qui chantonnait en poussette
tandis que je te promenais dans les parcs
et les jardins publics Certes tu demeures
plus que jamais ce garçonnet gracieux
dont les sourires savent ensoleiller les coeurs
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Mais le petit Le tout petit Le bout de chou
Le frêle primate endormi, commencement
d'humain avec ses réactions de pur instinct,
avec ces instants où l'on surprenait la vie
au sortir de la source, avec ce regard qui
avait à peine la lueur d'une âme qui vous
reconnaît, celui-là, passionnément aimé dès le
premier instant, je sais qu'il ne reviendra plus.



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Sonnet pour Rimatouvent Clin d'oeil)
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J'étais allé pêcher pour une bouillabaisse,
À l'aplomb des rochers que notre mer caresse
Avec masque et harpon, pas très loin de Toulon...
Dans un creux sous-marin nappé de soleil blond
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J'aperçois un poisson nageant avec paresse
Parmi ses rubans blancs et noirs. Je n'ai de cesse
De l'attraper pour l'aquarium de mon salon...
Depuis je l'apprivoise avec des mots, selon
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Qu'inspiré de la mer au langoureux tangage,
Sente le large mon poème et son langage ;
Qu'un rythme net à ses accents fasse la loi ;
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Qu'il ait ce ton naïf de chanson madécasse,
Cette simplicité des vers de bon aloi :
Ma poésie alors convient à ma rascasse.





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Tu te revois...
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Tu te revois guettant à travers les ajoncs lustrés
les cols-verts dansant sur l'éclair miroitant
de l'étang là-bas loin de la maison à un jet
de pierre du hameau où le berger jouait
de l'harmonium à l'heure de la sieste...
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Un paysage paisible En lisière de la forêt
le vent diffusait l'odeur de lisier de l'enclos
à cochons Dans le sous-bois quelques uns
circulaient, qui s'étaient évadés mais aussi
sur les feuilles mortes sinuaient effilés
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et lustrés de longs serpents verts et noirs
qu'on évitait prudemment d'effaroucher
car nous savions d'instinct qu'il ne sied pas
aux rejetons d'humains de déranger les dieux.





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Chaos contemporain
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Le chaos contemporain est si cruel
qu'il faut se faire un devoir de parler
en poésie légèrement des choses graves
et même jeter sur elles un tulle de beauté
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Petit vent grand bleu dit le proverbe
Sur la terrasse en bord de mer brillent
les verres des privilégiés Petit blanc
Grand voeu Le mien serait le retour
d'un rien de fraternité entre les peuples
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Mais – impossible bien sûr puisqu'est
venu le temps des assassins et le retour
des coupeurs de tête déshumanisés tels
ces cyborgs de la guerre des étoiles !
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Comment expliquer aux enfants que ces
fous pensent aller au paradis en tuant
et déchiquetant les corps d'innocents
qui sont leurs semblables Quel dieu
dévoyé peut cautionner pareils crimes ?








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Poète dinosaure
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Quand tu lis ces poètes qui savent si bien
décliner les irisations mouvantes de leurs mots
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il te semble qu'une ombre s'abat sur ton visage
et le transforme en la tronche rousse et velue
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aux grands yeux noyés de détresse d'un gibbon
qui se sait parmi les derniers de sa jungle
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Tu te sens limité du bas autant que borné haut
La terre des labours Le ciel blanc au ras des toits
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Tandis que les écrits des autres creusent le réel
sans pour autant laisser de toucher aux étoiles
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Tu pousses le cri aphone et désespéré du tri-
cératops fossile dans le cube vitré d'un musée !







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Autoxène
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De l'autre bord du bleu qui tremble
une vapeur dorée retient l'horizon
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Au fond de l'eau l'altitude gît noire
aussi vaste que l'épave d'un croiseur
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Dans le coeur du voyageur désert
le soir tresse une cloison d'iponées
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La main de celle qu'on aime imite
la brise qui fraîchit nos cheveux
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Timide elle redoute la violence
en germe de nos tsunamis intimes
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Comment aimer cette âme en nous
que notre amour même déteste ?









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Deshérence
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Tardive visite en fin de matinée
d'une mésange avec petit sac de houille
sur la tête et cravate noire sur son plastron jaune
Elle est venue voir la maisonnette suspendue
près de la baie vitrée ouvrant côté jardin...
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Aussi vite elle a fui avec un mince cri
en se perdant parmi les feuilles du bouleau
Sans doute importunée de ma présence
pourtant pétrifiée Jadis les passereaux
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venaient nombreux sans peur à ma fenêtre
Un merle sur la balustrade du balcon
se posait familier ou parfois une pie mâle
l'oeil sévère de me voir rester la plume en l'air
En ce temps là tous les oiseaux aimaient
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me fréquenter – j'étais encore un bon poète !









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Sur le cercueil de Sissi.
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(Pour Syzygie !)
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La crypte des Capucins
Est un lieu touchant, à Vienne.
Il se peut que j'y revienne
Conme on revient aux Lieux Saints.
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Victimes des assassins
Pour autant qu'il me souvienne,
C'est la noblesse autrichienne
Qu'elle recèle en son sein...
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Plusieurs crimes – un seul ciel,
J'oppose donc au pluriel
Un seingulier qui surgit !
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Mais enfin recueillons-nous,
Et prions à deux genoux :
C'est ici que Sissi gît.




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Allô à LO
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Tu as poétisé ?
Il y faut de l'audace !
Éviter le fadasse
Du cliché trop usé ;
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Trousser un thème osé
Avec un brin de grâce ;
Effacer toute trace
Quand tout est composé.
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La rime est malaisée,
à croire la rumeur,
et comme une épousée,
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Ô malheureux rimeur,
Souvent Muse varie !
Bien fol qui versifie.



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Miroir parabolique
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L'écharpe abandonnée nonchalamment
sur le dossier du fauteuil de grand'mère
est-elle une version de ton âme objectivée ?
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Au-dessus des harpes vertes des épicéas
le boa de brume qui enserre la cime :
forme encore éphémère de ton absence.
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Parfois il arrive qu'un paysage ait repris
le rôle avec ses cyprès qui chuchotent
"silence, silence" au cimetière familial...
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Lorsqu'une alouette soudain se change
en allumette, cligne deux ailes tout là-haut
et craque son cri de cristal qui subitement
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enflamme l'aurore entière jusqu'à la mer :
c'est une autre icône de ce qui t'anime
solitaire et folle dans l'azur propagateur.





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Belle journée de juin
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Ce que je peux être n'a aucune importance
aujourd'hui qu'un grand soleil asperge d'une
lumineuse joie la façade ancienne et sculptée
de l'immeuble endormi de l'autre côté de la rue
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Ce qui compte est la multitude des bambins
du square Les uns tricotant de leurs courtes
jambes Les autres hésitants, flageolant un peu
devant tant d'espace ouvert à la rose des vents
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Ce sont eux les jeunes bonheurs à deux et quatre
pattes fascinés par les balançoires de couleur
par les toboggans aux pistes qu'ont lustrées les
fonds de culottes de garçonnets audacieux
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Alentour les cytises bouleaux nains acacias
fleurissent l'air de leurs senteurs optimistes
Même la nature artificielle du jardin public
s'efforce d'offrir une journée claire et légère
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aux passants fussent-ils les plus insignifiants !













Impasse ?

Vieil homme emporté dans la bourrasque du Temps
qui emporte tes jours comme des feuilles mortes
tu regardes défiler paysages et frondaisons et fils
électriques où sont perchées blanches noires croches
ces notes de musique qui sont en vérité des oiseaux
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Ce qui se joue ici de la mélodie de ta vie est la coda
Lorsque tu regardes au-delà – rien ! Des rails rouillés
mangés par des végétaux anarchiques ronciers orties
se perdent dans les taillis jusqu’à la butée marquée
stop Mais l’élan du train s’est déjà dissipé depuis
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si longtemps que l’ennui a lassé les derniers passager
qui naguère encore t’aimaient suffisamment pour
imaginer que ta voie conduisait vers un paradis.




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C’est debout…

C’est debout qu’il eût voulu mourir
Un peu comme un donjon frappé
par la foudre qui lance des éclairs
dans la douve miroitante et noire
cernant son abrupt et dur vertige
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Ce serait tomber lent comme tombe
une tulipe fauchée par le tranchant
du mistral que sa poursuite vaine
de l’infini met de méchante humeur
tandis qu’en sourit la lune incertaine
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Ce serait comme crabe plein de pattes
qui court de biais rejoindre l’estran
battu d’écume et de raclements froids
par la marée engorgée de galets blancs
Et se fond dans sa disparition limpide.








Quelle tristesse

Quelle tristesse lorsque vient le moment insidieux
où s’affaiblit l’emprise qu’on avait sur le langage
Le belle formule du matin qui vous exaltait comme un
morceau d’azur tombé dans notre tasse de café
s’est envolée avec les capacités d’étreindre le chaos
que jadis sans peine utilisait notre infaillible mémoire…
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Voià – tu vieillis donc Tu apprends à être faillible Tu
découvres à quel point ton esprit devient lamentable
et s’éparpille en bribes et morceaux – que tes amis
ou même d’empathiques inconnus éprouvent le besoin
de te flatter un peu pour éviter que précocement tu
ne sombres alors que tu pourrais servir encore un peu
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À supposer même que tu sois sincèrement – vraiment
aimé… que faire d’un bouquet de sentiments que plus rien
au fond de ton coeur n’aurait l’énergie de nourrir de son sang
Tu comprend mieux les enfants maintenant que tu es faible
Tu comprends les indigents les épuisés les douloureux
Ceux qui cèdent Ceux qui abandonnent – mais toi, ne cèdes pas.






Cheval de verre
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Ce matin visite d’un ami Le voici reparti – Soudain je n’ai plus
envie d’écrire de belles choses
auxquelles pourrait adhérer mon coeur
Je m’en vais tournoyant lentement plus glacé
qu’un iceberg à la dérive à travers un océan de mercure
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Pourtant il fait beau Telle une blanche aile de moulin
au sein de l’immense azur le soleil
de temps en temps graissé par un chiffon de nuage
grince moyeu de lumière enfermé dans son propre silence
auquel toutes les pierres font écho
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Un oiseau se déforme au-dessus de la mer
en appelant chaque vague par un nom pur comme écume
Il me semble qu’à force de scruter mon âme solitaire
j’y découvre un immense désert amoureux
où près d’une flaque oasis une blonde se promène
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gracile et souple et transparente ainsi que ce petit
cheval de verre qui jadis avait séduit Joe Bousquet
seul pétrifié dans l’odeur d’opium de sa chambre éternelle !
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Légèrement dit !
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Bien entendu, de choses sérieuses, c’est
de cela que nous devrions parler au lieu
de scruter la brume pour voir si derrière-
elle se cachent des anges ou des sommets
dans le ciel figés comme mouettes en vol !
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Cette odeur d’humidité que dégage à l’aube
le sexe des plantes devrait nous inciter
à respirer mieux l’oxygène pensif des arbres,
en nous disant que la nature mériterait
davantage de considération si les hommes
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puisaient au fond d’eux-mêmes un brin
de raison entret
ressé d’un lien d’amour
Non pas cet amour dont s’affublent à l’envi
les chanteurs de mascarades médiatiques :
Celui qui respecte en soi-même et hors
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de soi, jusqu’aux plus intimes détails, l’univers.












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La Clarée (Lac Laramon)
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Ce lac ignoré qui tremble en la cuvette
des Alpes enneigées en décorant sa nappe
de la froide imagerie changeante des nuages
tu lui compares volontiers ta poésie inviolée
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Des continents de vapeurs Des essaims
migrateurs d'oiseaux sauvages le survolent
Les lys de l'altitude en frissonnant s'y reflètent
révélant vers quel abîme s'enfonce en même temps
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ce qui s'élève au sein de la pure magie du jour
Le vent feint d'animer d'ondes lamées l'immuable
et sans se lasser transfère d'une rive à l'autre
le frais d'un don que nul ne se soucie de recueillir.


1969
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