Phénix d’octobre

Publié le par La Source

Phénix d’octobre
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Parcourir l’automne qui « fait bruisser les feuilles mortes à nos chevilles » écrivit un poète, voici notre dure solitude. Apaisons pourtant l’entourage : elle n’est pas contagieuse. Lorsque je dis « notre », ce n’est que référence aux multiples voix qui habitent chacune de sa vérité un corps insuffisant.
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Cils dorés, dernier regard glorieux, tombé des cieux sur les fuseaux cramoisis du bois de peupliers blancs et de bouleaux. En arrêt : un chien errant, tandis qu’à l’orée tel grand cerf dix cors debout sur un tertre s’offre à l’admiration d’un troupeau de brumes, en transhumance au creux du vallon.
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Vaste carnaval d’octobre aux futaies en habits d’arlequin et masques d’or ! Quel est cet oiseau de cristal qui, là-bas, crie au bûcher du soleil levant ? Quel est cet être en moi qui reconnaît son cri d’angoisse devant l’infini ? Quel, au fond de mon esprit, ce
silence cruel qui traverse les siècles ?
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Hexactitude
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Je crois à la maîtrise solitaire, celle qui pousse le poème jusqu’à une perfection qui consent aux métamorphoses de la traduction sans que la teneur de son silence intime en soit altéré.
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Mon poème préféré est celui qui pousse à la façon d'un liseron escaladant l'air bleu jusqu'aux nuées et qui d'un bord à l'autre de l'horizon établit une arche aux irisations prismatiques.
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Toute image que suscitent les mots dans l'espace de l'imagination est un fragment enraciné dans l'entier chaos des choses, auquel chaque langue s'efforce au cours des temps de conférer une ordonnance.
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Fascinant battement de la partie au tout et du tout à la partie, par le lien de l'indispensable, ou encore du comparatif, qui induit la pensée dans un rêve d'une plasticité plus proche de la vie que la vie-même.
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Chaque syllabe ! Il faut compter chaque syllabe, précieuse utilisation du Nombre, dont chacun, jusqu'au vertige, est le signe entier du point de vue syntaxant cette fiction qu'on nomme « réalité ».
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Le six du lys, cette composition naturelle de l'immaculé qui s'ouvrira sur un cœur orné d'une semence d'or, doit être, ô rimeur de charabia jargonnant, ton guide, ainsi qu'une boussole indique l'étoile du Nord.
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L'héritage insensé
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À léguer : ce qui n'intéresse plus personne. Une pensée qui, comme le vent, ne sait quand ni où se poser sans mourir.
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L'interaction des éléments du poème disqualifie la portée limitée de ses parties séparément considérées.
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La vérité de sa nudité alterne avec la nudité de sa vérité, si bien que l'amant, pensif, ne sait laquelle son désir préfère.
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Point de sagesse en cette transparence que recueillent les mains en coupe du poète : sa fraîcheur consume et déploie.
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Ne confonds pas la comparaison avec l'assimilation. L'une fait consanguins des irréductibles. L'autre simplement te d
upe.
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Point de création ex nihilo : quant à la matière, c’est indéniable. Pour ce qui concerne la parole, en douter est un devoir.
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