Deux sonnets pour jouer au sonnet

Publié le par La Source

 

 

À un aventurier

 

Ulysse est tellement sensible au maritime

Qu'on peut lui refiler n'importe quel sonnet

S'il parle de la mer, de moule ou d'encornet...

C'est là le seul sujet qu'il juge légitime.

 

Le grand large en effet est son ami intime.

Il chérit son kayak, et fait des moulinets

De sa pagaie : enfoncé dans son coussinet,

Bombant le torse, avantageux, il frime !

 

La dauphine est sa sœur, l'écume son nectar ;

Il appareille tôt ; le soir, il rentre tard.

Chauves sont les galets, tellement il les rase...

 

Son épouse l'attend en salant des harengs,

Qu'elle fera griller à feu doux, bien en rangs,

Dès que l'aventurier retrouvera sa case.

 

 

 

 

 

 

Scène de banlieue

 

Lové sur un vélo volé, auprès de Lise

Un loulou gominé, beau comme Gus Bofa,

Mais que tous ses copains appelaient Cucufa.

S'appuyait contre un mur, à l'angle de l'église :

 

 

Il se croyait tenu de dire des bêtises,

Sur sa selle avachi comme sur un sofa.

Mais au bout d'un moment la donzelle pouffa :

«C'est par ces moyens-là que les voyous séduisent ?

 

 

Vrai ! T'as un beau vélo...» Elle fit la coquette,

Minaudant : «J'aimerais bien que tu me le prêtes !

Juste, faire le tour du pâté de maisons...»

 

Sitôt dit, sitôt fait ! Voici le Lovelace

Qui lui tend le guidon : «Tant que tu veux, Lison !»

...Tant va Lise à vélo qu'à la fin, ils s'enlacent.

 

Publié dans poésie

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