ROUGE-GORGE

Publié le par La Source

 

Discret mais curieux, en livrée vert bronze - sauf sa gorge enflammée -, son petit oeil noir observant tout pensivement, et sous le lierre, avec sa fidèle femelle, sautillant le long du mur du jardin, tel était le rouge-gorge avec lequel j'ai lié amitié.

 

Il laissait dans les plate-bandes humides de fines traces évoquant l'écriture cunéïforme des tablettes de Ninive; et peu à peu s'enhardit, jusqu'à entrer dans mon bureau. Il y eut alors une brusque tempête, avec des pluies diluviennes, et il demeura là quelques jours: je le nourrissais tant bien que mal.

 

Puis un matin, le beau temps rétabli, à nouveau je laissai ma fenêtre ouverte. Il s'envola d'un coup d'aile jusqu'à l'appui, demeura un long moment à m'observer, hésitant, puis voleta comme à regret dans l'arbre aux branches voisines, et finalement rejoignit sa femelle qui l'attendait sur la pelouse.

 

Plusieurs années après, tous deux, ou leurs descendants, seront encore là, sautillant sous le lierre du mur, malins et familiers. Le plus surprenant est qu'un chat ne soit jamais parvenu à les attrapper.

 

Publié dans poésie

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