L'OISEAU-CISEAUX

Merle narquois qu'as-tu fait derrière ma haie, qui te rend si coupable que tu t'enfuis à mon approche ?

Et pourquoi ce cri bizarre "gjigjigjigjigji, gzik! gzigzigzi, gji-gji-gji-gji-gjiii... ", ce cri qui a recueilli avec une insolite exactitude - de la main fébrile de quel Figaro ? - un cliquetis de ciseaux qui, déclenché près d'ici, décline à la vitesse de l'enfance, quitte enfin mon oreille et s'éclipse là-bas, où pour le coeur, cligne au loin le rauchement cyclique de la mer...

Il y a du sarcastique, du moqueur comme dit la chanson, dans cet éclat de rire métallique déboulant soudain de sous les buissons, pour se perdre, éclair de jais, au fond du parc voisin, plein de cèdres, de mélèzes, d'amples ténèbres, et d'autres arbres que je ne connais pas.

A pas prudent ma chatte noire approche. Puis lève son regard brillant de silence... mais demeure à distance respectueuse de l'oiseau-ciseaux.

Comme si, vaguement, elle craignait pour ses moustaches.